Compte rendu de sortie
"Dans les pas de Maurice et Eugènie de Guérin, visite du château musée du Cayla " 6 juin 2015
Cette année, la sortie des Amis avait pour destination le Tarn, et le voyage a été centré autour du château musée du Cayla, dont le site est classé « espace littéraire ». C’est à ce lieu que nous avons consacré la matinée.
Qui, au XXIème siècle, connaît encore Maurice de Guérin et sa sœur Eugénie …. ?
Déjà méconnu de son vivant, Maurice mort pratiquement ignoré à l’âge de vingt neuf ans, jusqu’à ce qu’un article paru en 1840, dans la Revue des Deux Mondes, signé par Georges Sand, le fit sortir de l’anonymat
Dans un exposé croisé, vivant et fort documenté, Jean Le Pottier et Brigitte Benneteu(1) ont présenté et fait découvrir, ou redécouvrir ces deux auteurs du milieu du XIXème siècle.
Après cet exposé, Brigitte Benneteu nous fit faire, avec érudition et gentillesse, une visite approfondie de la gentilhommière, en décrivant chaque pièce de la maison et en nous contant de nombreuses anecdotes sur ces deux personnages clés.
Quelques photos rendront mieux l’ambiance qu’un long discours.
Le « château » et les vingt-sept hectares de terres, situés sur la commune d’Andillac, ont été acquis par le département du Tarn en 1937. Lors de l’achat, il ne restait que très peu de mobilier d’origine, les descendants ayant pris une partie des meubles et modifié l’aménagement. Peu à peu, depuis une quinzaine d’années, les pièces sont remeublées, en essayant, grâce à des renseignements d’archives(2) de restituer les décors d’origine dans le respect de l’esprit de celui de la fin du XIXème siècle.
Au cours du XVIème siècle, la famille de Guérin, originaire du Rouergue, est venue s’implanter sur les terres du Cayla, dépendant de la paroisse d’Andillac..
Maurice, poète et romancier (1810-1839), meurt jeune atteint par la tuberculose. Il était destiné à la prêtrise - ce qui ne l’attirait guère et auquel il renonçât - Il fit, d’abord ses études au collège de l’Esquille, à Toulouse, puis à Paris, au collège Stanislas. En 1830, il séjourne en Bretagne auprès de Félicité de Lamennais, revient vivre à Paris, ou il a pour grand ami Barbey d’Aurevilly. En 1838, il épouse Caroline de Gervain, quelques mois plus tard Maurice revient au Cayla pour y mourir
Entre autres œuvres, Maurice est l’auteur, du Cahier Vert, journal intime, 1832-1835, commencé au Cayla, de La Bacchante, et du Centaure . C’est un auteur romantique, exalté, plus panthéiste que chrétien.
Eugénie (1805-1848), sa sœur aînée a remplacé leur mère, décédée alors que les enfants étaient encore très jeunes. En dévotion devant son frère, elle l’encouragea à la poésie, et rédigea, à l’attention de Maurice, son Journal, qui témoigne des mœurs de la période Romantique et de la vie d’une jeune femme, à la campagne, au XIXème siècle. Eugénie entretient une correspondance suivie avec son frère. Inconsolable, elle meurt neuf ans après lui, le 31 mai 1848.
Après la matinée au Cayla, déjeuner à Castelnau de Montmirail où nous fûmes accueillis, sous les couverts, place des Arcades, à la sympathique « auberge des Arcades ». Puis, courte visite à l’église du bourg pour, admirer, commenté par Nicole Andrieu(3) le retable et la très belle et rarissime croix reliquaire de la première moitié du XIVe siècle, en argent, recouverte d’une feuille d’or et ornée de pierres précieuses et semi-précieuses dite, à tort « d’Armagnac » comme l’a prouvé, grâce à des archives de la commune, Annie Charnay (4) il y a quelques années.
Après le déjeuner, départ pour le proche village de Vieux : le but étant l’église Saint-Eugène, des XIV et XVème, victime de la mode des années 1960 et entièrement décrépie. Ce très ancien centre de pèlerinage, dès le haut Moyen Age, possédait les reliques de Saint Amarand (+254), Saint Eugène, originaire de Carthage, mort à Vieux, et qui a donné le vocable à l’église, et Sainte Carissime. Jean-Pierre Suau, avec sa grande culture et son humour habituel, nous commente les peintures gothiques de la fin du XVème trouvant dans la chapelle basse sous le clocher.
Sur quatre registres, malheureusement très dégradés dans la partie inférieure, sont commentés les cycles de la Passion ainsi que les Sept péchés capitaux chevauchant des animaux ; pour ce dernier registre il faut faire une confiance aveugle à notre guide les images étant très effacées et mutilées
Pour finir la journée, détour par le château de Mayragues, construit dès le XIIème, puis agrandi au XVIIème siècle. Cette bâtisse fortifiée possède une galerie en encorbellement, qui en fait le tour, fût longtemps propriété de la famille de Tonnac.
Visite, accompagnée et commentée par Madame Guedde, (5) la propriétaire, avec, pour ceux qui apprécient, une dégustation des différents crus de la propriété. Vignoble en « bio dynamie », le travail des terres se faisant en fonction des rythmes lunaires et même cosmique, ce qui, peut-être justifie le prix de leur vin.
Cette sortie a été réussie grâce aux conseils judicieux et à l’aide efficace de Jean Le Pottier, qui, malgré son départ de Toulouse reste un fidèle soutien des Amis.
Nous l’en remercions.
1. Conservateur en chef des musées du Tarn
2. Classement fait, il y a quelques années, par Nicole Le Pottier
3. Conservateur, Directrice des AOA, Haute-Garonne
4. Conservateur, Directrice des Archives du Tarn en 1999
5. Madame Laurence Guedde est ancienne conservatrice du musée Carnavalet à Paris. Elle, est son mari, Alan, ont acheté le château en ruine et l’on restauré avec goût ; ce qui leur a valu le grand prix des Vieilles maisons françaises.
album photo
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